Aline a la fâcheuse habitude de dormir les jambes écartées, perturbant de ce fait le sommeil de son mari qui se réveille toutes les nuits, agacé par son espace réduit d’autant. Il repousse alors violemment la jambe rebelle mais celle-ci se repositionne aussitôt dans la position critique. Alors, comme il le fait parfois, il se lève pour finir sa nuit sur le canapé du salon. Un matin, au petit déjeuner, il en touche deux mots à sa femme et lui sort un bobard pour lui faire peur.
― Tu sais, ma chérie, cette nuit, tu as encore dormi les jambes écartées.
― Et alors ?
― C’est dangereux de dormir de cette façon.
― Sans blague ?
― Ouais, j’ai lu un truc sur internet à ce sujet, ils disent que si on dort trop souvent en écartant les jambes, on peut perdre ses intestins pendant le sommeil.
― Tu te fiches de moi ?
― Non, je t’assure, c’est un grand docteur qui l’a dit, il faut faire attention, mon amour. Fais gaffe à tes tripes.
― Arrête tes boniments s’il te plait, passe-moi plutôt le beurre.
― Moi, ce que j’en dis… c’est pour toi.
La nuit suivante, indifférente à la tentative d’intimidation de son mari, pendant son sommeil, Aline écarte à nouveau les jambes dans le lit conjugal. Et c’est une nouvelle nuit blanche pour le pauvre homme qui rumine une autre stratégie pour dissuader son épouse de cette habitude désagréable et tellement inconfortable pour lui.
Un matin, il se rend à la boucherie. Il achète un kilo de tripes de porc qu’il cache dans le frigo. La nuit suivante, tandis que sa femme dort tranquillement toutes jambes écartées comme à son habitude, il soulève la couette et place délicatement les tripes entre ses cuisses. Puis il va somnoler sur le canapé et se lève sur les coups de sept heures. Debout dans la cuisine, il prépare le café, savourant d’avance la tête que fera sa femme quand elle se réveillera. Une demi-heure plus tard, Aline fait son apparition, la mine déconfite, trainant le pas jusqu’à la table où elle prend place devant son bol. Elle se masse le ventre comme on le fait quand on a la colique.
― Ben alors ma chérie, tu en fais une tête ce matin. Tu as mal dormi ?
― T’avais raison. Cette nuit, j’ai perdu mes tripes.
― Ah ! Tu vois je te l’avais dit !
― Mais ce qui est bizarre, c’est que je n’ai rien senti, mais alors rien du tout.
― Ah bon ? Tieeens…
― Par contre, oh là lààà, ça a été une vraie galère pour tout remettre en place !
* * *
Blondine passe quelques jours dans un palace de la Côte d’Azur. En cette fin de matinée, avant d’aller déjeuner, elle monte avec sa serviette sur la terrasse située sur le toit de l’établissement. Elle est seule, les autres sont probablement en train de faire la crêpe sur le sable fin de la plage privée. Blondine est une ravissante jeune femme à la longue chevelure couleur des blés qui tombe en cascade sur les épaules de son corps bronzé aux jambes fuselées et à la poitrine gonflée par le désir de vivre. Sur le toit-terrasse, pas de regard libidineux pour convoiter la splendide créature. Elle décide alors d’ôter son minuscule bikini dont le bas ne tient que par une ficelle, dévoilant une silhouette de top model aux mensurations de rêve dans toute sa provocante impudeur. Laissant sa serviette sur le dossier d’un transat, elle s’allonge totalement nue à même le sol, sur le ventre, puis sur le dos, offrant son anatomie au soleil torride de juillet. Elle commence doucement à se caresser les seins, puis le ventre, les cuisses, le sexe, s’abandonnant lascivement à un plaisir solitaire des plus érotiques. Tout à coup, le garçon de l’hôtel apparait sur la terrasse, essoufflé, l’air épouvanté.
― Mademoiselle… excusez-moi mais il est interdit de se dénuder sur le toit de l’établissement.
― Qu’est-ce que ça peut bien faire ? Je dérange qui ? Il n’y a personne ici, à part vous et moi.
― Je vous demande de vous rhabiller immédiatement. S’il vous plait !
― Et puis d’abord comment savez-vous que je suis à poil ? Il y a des caméras planquées, c’est ça ? Vous me matez depuis tout à l’heure sur votre écran, hein, vicelard ! Avouez ! J’le crrrois paaas…
― Je vous en prie, mademoiselle ! Monsieur le préfet et son épouse sont en train de déjeuner et…
― Qu’est-ce que le préfet vient faire là-dedans ?
― Vous êtes… vous êtes en train de vous tripoter sur la verrière du grand restaurant !